Les cymbales de l’âge du bronze trouvées à Oman reflètent des traces d’interaction interculturelle dans le golfe Persique

Bronze Age Cymbals
Crédit d’image: Y. Al Rahbi

Dans un article publié dans Antiquity, les archéologues suggèrent que les cymbales trouvées à Oman sont une preuve concrète de l’interaction interculturelle entre le sud-est de l’Arabie et la vallée de l’Indus pendant l’âge du bronze.1

Knowledge grows when shared!

Les fouilles sur le site connu sous le nom de Dahwa 7 (DH7 en abrégé), situé au pied des montagnes Al-Hajar, dans le nord d’Oman, ont été lancées en 2014 par le Département d’archéologie de l’Université Sultan Qaboos. Les chercheurs visaient à découvrir les vestiges d’un établissement datant de milliers d’années, et on peut dire que leurs efforts ont été largement récompensés.

Le site de DH7 appartient à la culture Umm an-Nar, qui remonte à environ 4 000 ans. Auparavant, des fragments de poterie, des matériaux liés au travail du cuivre et divers vestiges de vie sédentaire avaient été découverts dans la région. Cependant, en 2018, deux objets en cuivre empilés l’un sur l’autre ont été trouvés à l’intérieur d’une petite structure à une seule pièce désignée sous le nom de « S1 ». Bien que la nature de ces objets ait été initialement incertaine, des analyses chimiques et morphologiques ont révélé par la suite qu’il s’agissait d’une paire de cymbales en cuivre.

Bronze Age Cymbals
L’emplacement des cymbales.
Crédit d’image: S. Al-Mamari

La structure désignée sous le nom de S1, où les cymbales ont été trouvées, se distingue par son emplacement au sein du site. Elle est située au point le plus élevé du site et reste isolée des autres bâtiments. Son agencement architectural semble soutenir la possibilité d’une utilisation rituelle. L’intérieur contient plusieurs petites plateformes et des surfaces enduites de plâtre, tandis que l’extérieur est entouré d’une zone relativement grande également enduite de plâtre. Ces caractéristiques suggèrent que le bâtiment avait une fonction cérémonielle ou rituelle, plutôt que d’être utilisé pour des activités quotidiennes.

Les cymbales ont été découvertes dans le coin nord-ouest du bâtiment, soigneusement empilées dans une couche de remplissage scellée par un pavage en pierre. C’est pourquoi les archéologues pensent que les cymbales n’ont pas été déposées au hasard, mais plutôt placées intentionnellement—probablement comme une offrande votive ou un dépôt sacré.

Notre connaissance de l’importance des instruments de musique—en particulier des cymbales—durant cette période reste limitée. Cependant, les fouilles datant de la même époque en Mésopotamie et dans la vallée de l’Indus ont fréquemment mis au jour des instruments de musique associés à des cérémonies religieuses. Cela soutient l’hypothèse selon laquelle les cymbales trouvées à Oman étaient utilisées à des fins rituelles.

Analyse chimique révèle de l’arsenic, du nickel et de l’antimoine dans les cymbales

Les deux cymbales sont de même taille et présentent un artisanat similaire. Elles mesurent environ 13,8 cm de diamètre, avec un embossage central surélevé, et un trou de 4,2 mm au centre de cet embossage. Leurs bords fins et leurs profils soigneusement façonnés indiquent clairement que ces objets étaient des instruments de musique fonctionnels.

Les analyses chimiques ont révélé qu’en plus du cuivre, les cymbales contiennent également de l’arsenic, du nickel et de l’antimoine. Cette composition est conforme à d’autres exemples de travail du métal de l’âge du bronze provenant d’Oman. Des analyses isotopiques suggèrent en outre que les cymbales ont été fabriquées à partir de matières premières provenant de mines de cuivre connues dans la région, telles que Nujum ou Maysar.

Des milliers d’années de connexion entre la vallée de l’Indus et Oman

La forme et la taille des cymbales correspondent étroitement aux exemples trouvés dans des établissements de la vallée de l’Indus tels que Mohenjo-daro et Harappa. D’autres artefacts de style Indus découverts à Oman, notamment des récipients de cuisson, des sceaux, des perles et des outils en pierre, suggèrent que des communautés d’origine Indus vivaient et s’intégraient dans la région. Il semble donc très probable que ces cymbales représentent une pratique musicale rituelle liée aux traditions de l’Indus. En d’autres termes, il est possible que les cymbales aient été produites avec des matériaux locaux mais selon une forme et un but étrangers.

Pourquoi les instruments de musique sont-ils si rares en archéologie ?
La musique est aussi ancienne que l’histoire humaine. Cependant, les instruments de musique sont rarement trouvés lors des fouilles archéologiques. La raison en est souvent les matériaux dont ils sont faits. Les matériaux organiques comme le bois, le cuir ou les roseaux se décomposent avec le temps. En revanche, les instruments métalliques comme les cymbales font exception à cette règle. Les cymbales trouvées à Dahwa 7 sont considérées comme les premiers et seuls exemples bien documentés découverts sur la péninsule arabique. Même cet aspect seul fait de la découverte un jalon dans l’histoire musicale d’Oman.

  1. Douglas, K. A., Al-Jahwari, N. S., de Vreeze, M., Hesein, M., Weeks, L., & Pracejus, B. (2025). Bronze Age cymbals from Dahwa: Indus musical traditions in Oman. Antiquity, 99(404), 375–391. doi:10.15184/aqy.2025.23[]
Share it, discuss it, keep it alive!